J'ai du mal à comprendre qu'en France il y a des chasses principalement à la bécasse toute une journée !?
Il faut faire la distinction entre ce qui amène chaque personne à la chasse.
Je chasse pour mes chiens et à travers eux. C'est mon choix, tant en chien courant derrière les chevreuils-sangliers-renards, qu'en chien d'arrêt derrière les bécasses et bécassines.
Je respecte les personnes qui sont intéressées par le cerf par exemple, alors que sa chasse est pour moi aussi claire que la reproduction des crevettes en eau douce. J'en vois pourtant un grand nombre chaque année
(je parle bien des cerfs, pas des crevettes...).
Si en battue, un chasseur me demande "le cerf qui est passé devant toi était petit ou grand?", je ne pourrai pas répondre, car je n'aurai pas même pensé à regarder. Et si je lui demande "les chiens qui étaient au ferme sur sanglier devant toi avaient des colliers de quelle couleur ?", il ne pourra pas répondre non plus. Deux personnes passionnées, mais dont l'approche de chasse est différente. On prendra pourtant beaucoup de plaisir à chasser ensemble.
Par rapport à la remarque ci-dessus, je pense que la plupart des bécassiers sont dans cette même approche. Chasser sans chien ne présente aucun intérêt, car en définitive, c'est le travail du chien qui est passionnant. Quand on discute entre bécassiers, on se rend compte que l'important, c'est le chien, ses qualités, ses défauts, sa façon de travailler.
Copie ci-dessous d'un texte d'Alain Dampérat, qui parle de son chien "Phébus de Lage de Brana". Ca vous donnera une idée de l'approche d'un bécassier.
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Merveilleux chien de chasse offert par mon ami Jean-Guy Ducom, Phébus est certainement arrivé quelques années trop tôt au chenil. Ce bécassinier hors pair ne fut jamais utilisé à la hauteur de ses moyens, mais par contre fut employé à la chasse de façon remarquable derrière les oiselles des marais de la côte atlantique.
Issu d’une portée de génie, qui allia les meilleurs sangs setters de l’époque avec le courant de sang sélectionné directement au chenil Crafnant en Angleterre, ce chien en compagnie des autres sujets de la portée allait prévaloir sur l’ensemble des courants de sang utilisés à l’élevage du Grand Valy, mais également sur la presque totalité des élevages sportifs français, durant les 30 années qui suivront. Au-delà des résultats acquis par ces chiens, c’est également un style et une entreprise qui sera mise à jour et sortira le setter Gordon de la situation où il se trouvait. Une nouvelle génération de Setter Gordon venait de voir le jour et allait être utilisée par des passionnés tant à la chasse qu’en field, en rivalisant avec les meilleurs britanniques de l’époque. Ce courant de sang gagne encore aujourd’hui.
D’un type léger et sportif, Phébus passa sa vie à chercher et à arrêter les bécassines, en dédaignant tout autre oiseau, perdrix faisans entre autres. Seule une bécasse fut prise à son arrêt par Jean-Marc Baynaud et moi-même. Il avait une secrète passion pour les lièvres qu’il coiffait au gîte, ou rattrapait à la course et nous ramenait tout fier de lui. Mon plus beau souvenir avec lui restera une après-midi dans les marais de Brouage, où en 3 heures, je pris derrière lui, 13 bécassines, sur 15 arrêtées. Des journées comme celle-ci sont à marquer d’une croix blanche sur les carnets du sauvaginier.
Sujet aux moyens de grande quête, il ne fut jamais présenté dans cette discipline. À la même époque Romy de Lage de Brana acquise également chez Jean-Guy Ducom avait elle aussi été dressée par Christian Vilain et était présentée en field, ce qui suffisait largement à ma bourse de jeune cynophile.
Il fut par ailleurs un excellent raceur, qui donna de remarquables sujets de chasse.
De la même portée que Phébus, certains sujets ont particulièrement brillé en field:
Peluc, qui fut championne de grande quête
Polo, qui fut championne nationale et internationale de travail en quête de chasse et trialer de grande quête, en surclassant tous les setters et pointers de sa génération, tant au printemps qu’en été en montagne ou en gibier tiré. Polo fut une excellente mère qui avec Mercure de la Hêtraie en Feu donna la championne de travail Vanille et l’excellent raceur trialer Vallée de Sotomayor.
Pirate, fut un excellent trialer et père entre autres du remarquable Élan de Lage de Brana Plume, fut une honnête bécassière
".
La plume d'un passionné de chasse, mais qui voit la chasse au travers des chiens qu'il élève, dresse, sélectionne, offre et fait concourir.
A la bécasse, voir son chien indiquer, et même attraper une bécasse fraîchement arrivée en octobre est assez facile.
Mais cherchez la bécasse de décembre avec un chien qui n'a pas un grand nombre d'oiseaux au compteur, et vous verrez la différence.
Le chien aura-t-il un bon contact ? Sera-t-il capable de verrouiller l'oiseau, et pas seulement l'indiquer ? Sera-t-il capable de contrôler au sol la bécasse qui vient de faire 40 mètres à pattes dans un roncier et tente de se défiler sans s'envoler ? La chasse de la bécasse a une approche particulière.
Et si vous chassez en couple, en décembre... un arrêt bien travaillé avec patron à l'appui et le tir de la bécasse sera le cadeau de Noël.
Chasser la bécasse en Belgique est tout à fait possible. Mais il faut bénéficier du territoire approprié. Si vous chassez sur un territoire familial ou "de village", ce sera accessible. Via part de chasse, par contre, ça semble plus compliqué.
En termes de quantité, ce n'est pas cela qui compte. Mais tout de même, il faut travailler pour obtenir le respect du chevreuil, au minimum. On voit dix chevreuils sur le temps qu'on croise une bécasse.