La lettre d'un bleu à ses parents

Un endroit pour se défouler (tout en restant correct)...

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La lettre d'un bleu à ses parents

Messagede Caramba » 30 Mar 2013, 19:23

Chère Maman, cher Papa,

Je vais bien, j’espère que vous tous aussi, Anne-Marie, Claude, Charles, Willy, Sigrid, Pierre et Jean.
Dites bien à Charles et Willy que, être à l’armée bat tous les travaux à la campagne, ils devraient vraiment se dépêcher de s’inscrire tant qu’il y a encore de la place.
Au début, je me faisais du souci parce qu’il faut rester au lit jusque presque 6 heures mais maintenant j’apprécie cette grasse matinée ; dites à Charles et Willy qu’il faut juste faire son lit soi-même et qu’il faut faire reluire 2-3 choses avant le petit-déjeuner. Par contre, il n’y a pas de bêtes à nourrir, pas de feu à allumer, pas d’étable à nettoyer ni de bois à couper… pratiquement rien à faire donc ; il faut se raser mais ce n’est finalement pas trop grave, il y a de l’eau chaude.
Le petit-déjeuner est un peu spécial, avec des quantités de jus de fruits, des céréales, des œufs, mais ça manque de pommes de terre, de jambon, de steaks et de ce qu’on mange normalement mais, dites à Charles et Willy qu’on peut toujours s’asseoir à côté de gens de la ville qui ne font que boire du café et leurs rations plus la tienne ça tient jusque midi et là, il y a à nouveau à manger.
Ça ne m’étonne pas que ces citadins ne tiennent pas le coup.

On fait beaucoup de cross : l’adjudant dit que c’est bon pour l’endurcissement ; bon s’il veut y croire, ce n’est pas à moi, le bleu, de dire le contraire.
Un cross, c’est plus ou moins aussi loin qu’aller à la poste pour nous, mais quand on y est, les gars de la ville ont mal aux pieds et on rentre tous en camions.

Le paysage est joli mais il est tout plat. L’adjudant est comme notre instituteur, il râle tout le temps, le capitaine est comme le bourgmestre, les majors et les colonels roulent beaucoup en voiture et nous regardent d’une drôle de manière mais ils nous foutent la paix.

Alors, là, Charles et Willy vont se marrer ! Je reçois des insignes pour le tir ! Je ne comprends pas pourquoi.
Le noir est beaucoup plus gros que la tête d’un rat et ne bouge même pas et il ne tire pas non plus en retour comme les frères Gaspard font avec la carabine à plombs.
Tout ce qu’il y a à faire, c’est se coucher confortablement et le toucher ; ‘faut même pas faire ses cartouches soi-même, on les reçoit déjà toutes faites dans une caisse.

Et alors, il y a encore l’entraînement ‘’close combat’’. On peut se battre contre les gars de la ville mais je dois faire très attention, ils cassent vite,
C’est beaucoup plus facile que de maîtriser le taureau, là-dedans aussi, je suis dans les meilleurs, sauf contre le gros Joseph, il a commencé exactement en même temps que moi mais je n’ai gagné qu’une seule fois contre lui mais ça doit être parce que je ne fais que 1,70m et 65 kg et lui 2 m et 120 kg.

N’oubliez pas de dire à Charles et Willy de se dépêcher avant que d’autres n’apprennent comme on se marre ici et qu’ils ne leur chipent leurs places.

Je vous aime, chers parents.



Votre fille Marie
Sanglièrement vôtre,
Caramba
 
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