Tout d'abord, il convient de préciser que cette proposition, non aboutie, date de plusieurs années.
En en cherchant la date, je suis tombé sur cet échange :
QUESTION DE M. ANCION À M. HAPPART, MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE LA RURALITÉ, SUR «LES DÉGÂTS OCCASIONNÉS PAR LES SANGLIERS AUX PROPRIÉTÉS PRIVÉES ET AUX PROPRIÉTÉS AGRICOLES»
M. le Président. – L’ordre du jour appelle la question d’actualité de M. Ancion à M. Happart, Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité, sur «les dégâts occasionnés par les sangliers aux propriétés privées et aux propriétés agricoles»
La parole est à M. Ancion pour poser sa question.
M. Ancion (MR). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre-Président, Messieurs les Ministres, chers Collègues, je crois que c’est la première fois, à cette tribune, que j’ose parler des sangliers mais, enfin, il faut dire que la télévision dans la région de Liège relate, déjà depuis quelques semaines, de nombreux dégâts occasionnés aux propriétés privées en zone urbaine ou périurbaine. Cela veut dire que les sangliers ont franchi la limite du domaine rural, du domaine agricole et arrivent à proximité des villes. C’est qu’on n’est pas parvenu à les maintenir sur le territoire qui est le leur, en nombre adéquat. Il y a un grave problème. Le monde agricole évidemment se rebiffe, les personnes des communes semi-urbaines, périurbaines se rebiffent aussi et je crois que cela ne fait que commencer. Il y a de la mauvaise humeur qui commence maintenant à remonter au niveau des collèges des différentes communes concernées et toutes les communes du monde rural sont touchées, surtout dans le Luxembourg.
Je ne mettrai pas en cause, Monsieur le Ministre, les périodes de la chasse, ni le monde de la chasse, ni la capacité des chasseurs à être plus ou moins tolérants vis-à-vis de certains gibiers, mais cela commence à bien faire puisque le monde agricole en souffre depuis plus de dix ans et, maintenant, cela atteint quasi un point de non-retour.
Puisque le printemps s’annonce et que, bientôt, d’ici quelques semaines, le public va déambuler dans les bois, ce que vous avez favorisé et ce, à juste titre, parce que je crois qu’ils ont le droit de profiter aussi des domaines forestiers et des campagnes, ne serait-il pas temps, avant la période de Pâques, de penser à intensifier la destruction des sangliers et ce, en collaboration avec les différentes administrations communales qui sont, je crois, tout à fait disposées à venir en aide et, une fois de plus, supprimer un peu l’excès de paperasserie pour essayer d’en arriver à faciliter la destruction ? Je crois que tout le monde pourrait en être heureux en ce début 2004. C’est non seulement un cri du monde rural et agricole mais, maintenant, puisque la ville s’y met, peut-être la ville va-t-elle sauver les campagnes.
M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Happart.
M. Happart, Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité. – Monsieur le Président, honorable membre, chers Collègues, l’histoire du sanglier ne date pas d’hier. Il y a déjà un certain nombre d’années que le sanglier est en croissance et c’est une croissance significative.
Je pourrais vous abreuver d’une littérature très abondante sur le sujet qui passe par les changements climatiques, la pollution de l’air, les pluies acides, etc.. Il y a vingt ans d’ici, en moyenne, la pluie amenait 7 unités d’azote/hectare. Aujourd’hui, la pluie amène plus de 15 unités d’azote/hectare. Ce doublement d’apport d’azote a permis d’avoir des glandées, donc, une production de glands de chêne tous les deux à trois ans alors qu’avant c’était tous les cinq ou sept ans. Et on a aussi bien une augmentation pour la faine du hêtre que pour le gland du chêne, nourriture première du sanglier.
J’avais senti venir – quand même, je ne suis pas tout à fait, moi, non plus, né de la dernière pluie – le problème. Et dès 2002, j’ai écrit à un certain nombre de communes et je l’ai signifié aux organisateurs de battues ou titulaires du droit de chasse, de mettre leur territoire à disposition des chasseurs de façon à ce que l’on régule. Je me suis adressé à mon administration, à la DNF, en disant que les parcs naturels, les réserves naturelles devraient faire l’objet d’une régulation des populations de sangliers qui trouvent là un refuge et la tranquillité pendant la période de chasse, et sortent alors dans les zones libres, après. Donc, j’ai dit aux chasseurs de prélever des laies, mais sans restrictions.
Comme je continue à aller à un certain nombre de chasses, j’ai entendu dire le matin que le tir de laies de plus de 50 kilos était sanctionné d’une amende de 250 euros. Et, forcément, on ne va pas à la chasse pour payer des amendes, et bon nombre de chasseurs regardaient passer les sangliers plutôt que de les prélever et de risquer une amende de 250 euros.
Personnellement, je comprends que les chasseurs aient eu cette réserve suite aux amendes qu’on pouvait leur imposer. Et aujourd’hui, ces mêmes chasseurs, qui ont imposé des amendes,- parce que je vois aussi les papiers, même si l’administration est lourde – envoient des demandes d’autorisations de destruction. Les territoires où la gestion s’est bien faite depuis cinq ans, n’ont pas de problèmes, et on ne me demande rien.
Quand vous dites que la ville vient au secours de la campagne, cela me fait sourire.
Quand on m’explique que les propriétaires de terrains qui bordent le Sart Tilman ou la commune d’Embourg, ou de Chaudfontaine, se plaignent d’avoir des dégâts dans leur pelouse, mais qu’en même temps ils refusent d’ériger des clôtures, et même s’ils voulaient le faire, que l’Administration de l’urbanisme leur interdit d’ériger des clôtures en bordure de leur propriété, il ne faut pas non plus se foutre du monde. Donc, que les personnes qui ont des dégâts de sangliers chez eux, se protègent et érigent des clôtures, c’est la moindre des choses et que les chasseurs fassent leur métier, c’est à dire qu’ils prélèvent, mais que les communes mettent aussi, à disposition des chasseurs, leur territoire pendant la période de chasse. Un bourgmestre d’une commune socialiste m’a dit : «Mais, tu dois m’aider pour les sangliers». Je lui ai dit : «Mais attends! Au conseil communal, tu considères que chasser est politiquement incorrect et, maintenant, tu veux que je t’envoie mes agents de la DNF.» Et il m’a répondu :«Mais non. Ça va. Ce n’est pas le rôle de la DNF, on s’est arrangé avec des chasseurs.» Ils se sont arrangés avec des chasseurs après le 1er janvier. Pourquoi ne se sont-ils pas arrangés avec des chasseurs depuis le 1er mai, date à laquelle on peut tirer le sanglier ?
C’est à ce moment-là qu’il fallait s’arranger! C’est à ce moment-là qu’il fallait dire : «Mesdames et messieurs les chasseurs riverains, je ne veux pas mettre mon territoire en location, mais je vous donne libre accès pour prélever en toute sécurité pour tout le monde, sauf pour le sanglier, le nombre excédentaire de sangliers pour réguler l’espèce». Si on m’avait écouté en 2002, on ne serait pas dans la situation difficile d’aujourd’hui. Il y a des responsabilités partagées.
Il y en a aussi qui ont décidé l’épreuve de force, en disant : «On va contraindre le Ministre à revoir les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse». Il n’y aura pas de changement. On ne changera pas les dates d’ouverture et de fermeture, et j’ai dit que les conseils cynégétiques allaient devoir prendre en charge l’organisation de la régulation des populations de sangliers sur leur territoire.
Il y aura toujours des poches difficilement contrôlables, mais dans la grande majorité, ce n’est pas la faute du sanglier, ce n’est pas la faute de la réglementation.
Ce n’est pas là qu’il faut chercher les erreurs.
Et en ce qui concerne l’agriculture, c’est vrai qu’il faudra que le monde de la chasse, que les pouvoirs publics dialoguent avec le monde agricole pour adapter les politiques et les pratiques agricoles à ce phénomène des animaux sauvages. Il y a des endroits où, après culture du maïs, on ensemence sans labourer et il n’y a pas de dégâts. Et dans les endroits où le maïs a été versé et qu’on a labouré le maïs en terre, quand le sanglier vient, pour lui, aller à vingt centimètres de profondeur pour aller chercher le maïs, c’est vraiment un jeu d’enfant. Et donc, on doit parler, on doit dialoguer, mais dire qu’il faut changer la réglementation pour cela, ce n’est pas vrai.
Dans les endroits où chacun fait la part du métier qui lui incombe, il n’y a pas d’excédent de sangliers, il n’y a pas de dégâts excessifs, mais le sanglier est un animal sauvage, donc, c’est à chacun de jouer son rôle.
M. le Président. – La parole est à M. Ancion.
M. Ancion (MR). – Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de ne pas partager votre optimisme, parce que même dans les communes où il y a des chasses bien organisées, et c’est dans la plupart d’entre elles, il y a d’énormes dégâts de sangliers, entre autres dans les prairies. Or, vous avez des prairies – on me citait encore le cas à Chevron – de 12 hectares, dont 6 sont vraiment labourés par les sangliers. Donc, ce sont 6 hectares à retravailler, à réensemencer. Ce sont des dégâts abominables à tout niveau et je dis encore et toujours qu’à la limite, je suis content de la réaction des périurbains. Il faut absolument, dans les semaines qui viennent, sans pour cela changer, je l’ai dit tout à l’heure, les périodes de la chasse, ni revenir sur les principes que vous avez élaborés, accentuer la destruction.
Elle devrait faire maintenant loi d’ici Pâques, avant que les promeneurs ne reprennent les bois.
C’est un cri que je lance au nom de nombreux représentants du monde rural et surtout du monde agricole, sans parler des urbains et des périurbains que je dois représenter aussi, donc, au nom de tout le monde.
Alors, maintenant, «à la laie» !
PA R L E M E N T WA L L O N - S E S S I O N 2 0 0 3 - 2 0 0 4
COMPTE RENDU
C.R.I. N° 20 (2003-2004) - SÉANCE DU MERCREDI 3 MARS 2004
Source :
http://nautilus.parlement-wallon.be/Arc ... /cri20.pdf
Hé, oui, ça date de bientôt 5 ans et, paraphrasant Julio Iglesias : "Ca n'a pas changé", partout en tout cas...
Et pourtant, on n'a toujours pas rendu aux gardes champêtres particuliers le droit de détruire les sangliers, supprimé par le même Ministre, malgré une interprellation de l'actuel ministre par le même député début 2007 !
Bien à vous,
C.