de Caramba » 22 Oct 2018, 17:50
LA FORÊT ? EH BEN, ELLE EN A MARRE ! ET LA NATURE AUSSI.
Comme souvent, ce sont ceux qui en savent le moins qui en parlent le plus. Déjà rien qu’à parler du principe d’une étude qui se voudrait sérieuse et qui ne porte que sur maximum dix ans et encore ! Quand la philosophie Pro Silva est menée correctement, ce qui est loin d’être le cas, pour la bonne et simple raison que, pour l’instant, PERSONNE ne s’y retrouve, car PEU comprennent et veulent faire à leur mode sans rien respecter en nommant la chose : "C’est du Pro Silva !".
Des "experts" ? On se demande d’où ils sortent ceux-là. On voit partout, et là où on ne le voyait pas encore, maintenant, ça y est, où les tenants de la sylviculture "traditionnelle" ont réussi à arriver : de l’agriculture en forêt ! Et cela a duré des décennies ! "Vous voyez, Monsieur l’Ingénieur-principal – Chef de Service, mes arbres, ils sont bien droits, j’ai bien soigneusement éliminé tous ceux où les pics avaient fait leurs vilains trous, il fait bien propre à terre, les bûcherons et les débardeurs peuvent bien passer partout, il n’y en a pas un qui dépasse l’autre, n’est-ce-pas, M. l’…Vice ? Je travaille bien hein ! Ah mais, c’est qu’avec moi, ils n’ont aucune chance !". Les voilà, vos experts. Alors, quelle est la valeur de leur "expertise d’aveugles" ?
Les enjeux sont importants, puisqu'ils concernent directement l'approvisionnement de la filière bois dans les deux ou trois décennies qui viennent.
Eh bien, ça, ce n’est certainement pas Pro Silva qui en est responsable, que du contraire : c’est l’avidité des propriétaires qui ont mis sur le marché des quantités inconsidérées de bois d’éclaircie qui en est responsable : c’est bien connu : la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et la forêt produit une certaine quantité de matière première bois de telle espèce à l’hectare et en un certain nombre d’années, quel que soit le nombre d’arbres en présence. En d’autres termes, la diminution précoce des petits bois fait grossir ceux qui restent beaucoup plus vite, ce qui les rend plus rentables commercialement et rentabilise un peu plus vite l’amortissement (énorme !) de la création et entretien d’une plantation (en épicéa : +/- 45.000 € /ha/ 60 ans à 3% capitalisés), ce dont personne ne tient compte, car les investisseurs ne sont jamais les bénéficiaires.
Pour en revenir à Pro Silva, le principe à atteindre est celui du couvert continu, cela n’a que des avantages : plus d’exploitation définitive (mise à blanc), on laisse la nature se régénérer elle-même, cela fonctionne très bien pratiquement partout, sauf là où la main de l’homme a mis le pied un peu trop fort, en général, la régénération se fait vers 10-15 ans après le moment où on aurait décidé de tout couper.
Pas de mise à blanc + régénération naturelle
= pas de replantation
= 0 investissement pendant les 30 premières années après la plantation alors que pendant ces 30 ans on n’a aucune rentrée mais que des frais
= continuité des revenus, soient plus réduits mais permanents : il n’y a pas cette interruption dans les rentrées sans espoir de récupérer quoi que ce soit
= plus de diversité (s’il y a des semenciers)
Bref, que du bonheur ou presque.
Le député Evrard est inquiet par la pauvreté de l’étude ? Ben oui : il a tout compris en quelques secondes, alors que ceux dont c’est le métier investissent des vies entières sans arriver à tout comprendre ; sacré politicien va ! Quand il plante une betterave, il reçoit une betterave ; avant les semoirs de précision, ça prenait des journées entières à des équipes d’esclaves pour démarier les betteraves, et sa betterave, il la vend grossie 6 mois après l’avoir semée.
La forêt, ce n’est pas un champ de betteraves, n’en déplaise à certains, et les techniques applicables aux champs de betteraves n’ont rien à fiche en forêt, et surtout pas le gigantisme mécanique rencontré en agriculture. En forêt, ça prend minimum 50 ans avant de commencer à rentrer dans ses sous, et toutes les ventes, non, aucune des ventes de produits d’éclaircie réalisée avant n’est rentable.
OK, ça fait 3 fois que j’utilise le mot ‘’rentable’’ : une forêt, pour pouvoir exister, DOIT être rentable, sinon, le propriétaire lui trouve une autre forme de rapport financier : parc de chasse, terrain de golf, villégiature, camping, thermalisme, terrain de guerre soft, Nassonia, j’en passe et des meilleures.
Faudra-t-il que, dans quelques années, on finisse par devoir importer du bois, car nous ne serons plus à même de subvenir à la production ?
L’Europe importe 50% de ses besoins en bois et en exporte tout autant, et ça fait des décennies que ça dure. Comme pratiquement chaque pays membre (exceptions : l’Irlande, les PB, SP, le Portugal…) est le reflet de l’ensemble…
Pour Yves Evrard, si la méthode "Pro Sylvia" présente des avantages pour certaines régions escarpées d'Europe (comme les Vosges), elle ne doit pas pour autant être généralisée partout, comme le laisse entendre cette étude.
Les régions escarpées rendent impossibles les investissements actuels en forêt : que ce soit en matière d’entretien ou de mécanisation exacerbée. Mais si ! Mais si ! Les produits des petites éclaircies rapportent de l’argent ! Ca se vend bien ! Oui, ça se vend depuis quelques années à des prix qui ne permettent même pas de financer le martelage (ça passe en bois-énergie, notamment). Une preuve ? Il y a +/- 30 ans, il y avait une subvention de la Région wallonne aux premières éclaircies, pour inciter les propriétaires à réduire le nombre de pieds, dans le but de stabiliser les peuplements forestiers ; à cette époque, les bois résineux de moins de 20 cm de diamètre avaient une valeur né-ga-ti-ve, c’est tout dire ! En montagne, ils l’ont compris depuis longtemps : celui qui a besoin de perches pour ses clôtures, il les demande au proprio et il va les chercher lui-même.
En termes très précis, le bénéfice en forêt, c’est les fonds qu’on n’y a pas investis.
Quand va-t-on arrêter cette course au fric ! ! De quelle forêt rêve-t-on, nous, les amoureux de la nature ?
Et bien vous rêvez en fait d’une forêt Pro Silva en son résultat après 40-50 ans d’application ! Pour l’instant, ce que vous appelez ‘’forêt’’ n’est rien d’autre qu’un ramassis de plantations monospécifiques totalement non naturelles, sujettes à toutes les facéties dont la nature est capable pour se venger de ces anti-nature de forestiers et de politiciens de tout poil et de tout grade, c’est de l’industrie agricole appliquée en zone forestière, et rien d’autre.
La forêt Pro Silva, avec l’expression des mystères de la nature qui peuvent s’y manifester, c’est, ce que l’on peut nommer ‘’une vraie forêt’’ ET en plus, elle est d’environ 50% plus rentable (en argent, pas en m³) que ces boisements traditionnels que l’on voit actuellement pratiquement partout.
Un pavé dans la mare ?
Il serait grand temps qu’une vraie bombe leur tombe sur la gu… à ces couillons !
La méthode Pro Sylvia est un très bon système pour la régénération, par contre, pour l'exploitation, c'est tout autre chose.
Steph,
Ta mauvaise herbe, il y en a des millions à l’ha ; si on avait planté, on aurait mis 2.000 plants/ha et encore, tu vois le topo ? Le but, c'est 200 gros bois/ha dont à peine 50 MAXI de qualité supérieure, sans nœuds sur 6 m MAXI. D’autant plus que dans une gestion saine, les débardeuses, non, les débardeurs sont mis au pas par voie de cahiers des charges d’exploitation, y en a même que ça emmerde alors qu’en définitive, ils ne risquent qu’une chose : s’y retrouver financièrement sauf s’ils ont des objectifs de cube débardé : ils doivent se faire payer à l’heure. Enfin quand on abat un gros arbre qui prend nécessairement beaucoup de place, c’est autant de place qu’on libère en même temps, et si ça fait des taches dans les semis, c’est autant de bois qu’il ne faudra pas marquer ($ !) en éclaircie et autant de place pour la nature et ses petites bestioles.
Le scolyte infeste les épicéas en Ardenne
Ben, en voilà justement une, de facétie de vengeance naturelle, qui dit mieux ?
Foi de Caramba !
Sanglièrement vôtre,