Ce qui m'incite à ouvrir ce sujet, c'est le débat qui s'est accéléré, depuis quelques jours, au sujet du nourrissage du grand gibier (voyez la rubrique "grand gibier").
Au sud du sillon Sambre et Meuse il y a trop de gibier. Au nord de ce sillon, il se raréfie de manière inquiétante depuis environ 30 ans. Le grand gibier est en expansion, le petit en régression.
Attardons-nous donc ici au petit gibier uniquement.
Qu'est-ce qui a provoqué cette raréfaction ?
Le remembrement, qui a ouvert la porte aux cultures intensives, les produits de pulvérisation, la modification, sinon la totale dégradation, des biotopes, les plaines étant devenues des tapis de table, la vitesse des modes de récolte, le travail nocturne, la prolifération des renards, et biens d'autres éléments qui m'échappent présentement.
Peu importe, le désastre est là : les plaines sont devenues inhospitalières au gibier.
Je me souviens très bien de l'époque où il y avait trop de gibier par rapport au nombre de chasseurs. Je m'empresse d'écrire que tout était favorable au développement du gibier.
Le chasseur d'alors ne ressemblait pas vraiment à celui que nous connaissons de nos jours. C'étaient souvent des fermiers, des propriétaires de petits bois, toujours des chasseurs locaux. Ils chassaient seuls, à deux ou trois. Ils prenaient ce qui venait, se passionnaient à faire les crêtes d'un fossé, ils ne parlaient pas de tableau, mais beaucoup de chasse...
Puis, s'est conjuguée à l'intensification de l'agriculture, et par conséquent à la diminution du petit gibier, la mode des invitations.
Des escadrons cynégétiques se sont formés progressivement, au point de ne plus imaginer chasser seul avec son chien... Mais, dans cette conception de la chasse, qui dit invitations doit dire aussi tableau à réaliser. Il est devenu inconcevable d'inviter 15 fusils pour tirer 9 pièces. Problème !
Puis il y a le phénomène bien connu : tu m'invites, je t’invite. "On a fait 60 pièces chez lui, pas question d'en faire 18 chez moi, de quoi aurais-je l'air ? Dans mes invités il y a François-Louis Dugenou et Charles-Henri-Philippe du Saint-Empire, décemment, je ne peux pas les occuper à faire les broussailles pour y tirer 2 lapins... ". Dès lors, aucune autre alternative que de lâcher. Ainsi, on sait qu'on fera au moins 50 coqs, une vingtaine de poules, et qu’il y a encore une bonne trentaine de perdreaux dans les pommes de terre, donc aucune crainte à avoir, et on remettra le couvert autant de fois qu'il le faudra, durant la saison.
Comment s'appelle cette technique ? De la masturbation cynégétique !
Et dans ce schéma, les GCP ont intérêt à être coopérants s'ils veulent conserver leur "emploi"...
C'est hélas bien là que nous en sommes dans la plupart des chasses. Triste réalité s'il en est !
Pourtant, un espoir avait lui dans le ciel obscur : la création des CC. Cellule ceci, cellule cela... Pourtant, il n'a pas fallu attendre longtemps pour déchanter et se rendre compte que les CC n'existent que sur papier, et ceux qui nous le reprochent ont bien raison. Rien n'a changé, ou pas grand chose.
A l'intérieur de ces CC, il y a trop de conflits d'intérêts, trop d'individualisme, trop peu d'investissement personnel, voire de loyauté, car le CC est considéré comme une instance inutile, à laquelle il faut bien adhérer pour tirer lièvre et perdrix.
Par manque de moyens techniques et juridiques, de bonne volonté des chasseurs, les CC n'ont généré aucune politique de gestion, n'ont impliqué aucun autre acteur de terrain.
Que faire ? Donner un coup de pied dans la fourmilière ! Après avoir écouté et surtout entendu des responsables motivés, que le législateur secoue les CC en leur demandant des comptes sur leur fonctionnement, en leur donnant les moyens nécessaires pour réaliser leurs buts, qu'il interdise les lâchers, si ce n'est de repeuplement, qui devraient être encadrés et contrôlés, avec des interdictions de tir pendant le temps nécessaire au gibier pour se réimplanter. Qu’il sanctionne les contrevenants par un retrait de permis pour une certaine durée, ainsi tout le monde sera sur le même pied. Car s’il prévoit d’infliger des amendes administratives ou autre procédure judiciaire, ce seront encore les tout-puissants qui gagneront et continueront à artificialiser la chasse.
Pour appliquer ce genre de contrôle/sanction, il faut que le DNF suive les yeux fermés et que les GCP se désolidarisent des fantasmes de leur commettant. Là aussi, une meilleure protection contre le C4 devrait voir le jour...
Voilà quelques éléments pour alimenter la réflexion. Le sujet est ouvert, n’ayez crainte de vous exprimer !