J'ai eu la chance d'aller chasser chez un agriculteur qui aime le petit gibier (ainsi que sa chasse...).
Il s'efforce de le gérer du mieux possible, surtout en améliorant et conservant un biotope accueillant (conservation des haies, aménagement de bandes enherbées en lisière de bosquets (MAE ?? Je n'en sais rien), fauchage tardif.
C'est facile me direz-vous, c'est lui qui est maître du terrain. En effet, mais cela demande des efforts de réflexion, pas forcément des efforts financiers : apparemment, ces mesures de préservation du biotope ne sont pas un coût, d'après lui. Je suis quasi certain qu'il ne nourrit pas, nous n'avons jamais vu d'agrainoir et il n'évoque jamais le sujet.
Concernant la régulation des renards, je sais qu'il ne piège pas, mais il le tire quand l'occasion se présente. Le sanglier n'est pas présent, mais un couple de chevreuils bien. Quand l'occasion se présente, et que les conditions sont favorables, il prélève le brocard. Il ne craint pas que les voisins s'en chargent, il est fort territorial. Et franchement, gare à celui qui oserait lui tirer le brocard.
Pas de gibier relâché. Peut être qu'une partie des faisans qui rentrent sur son territoire proviennent de lâchés dans son voisinage (il n'est pas au fait de ce que font tous ses voisins), mais, d'après le comportement du gibier, il est certain que c'est du sauvage (se perche pour dormir, est très vif au décollage, ... ).
Pour ce qui est de la relation avec les voisins, il dit que c'est comme dans tout : avec certains, c'est une collaboration fructueuse, avec d'autres, c'est la politique du "On tire tout, on fait un gros tableau et on attend la saison prochaine". Cependant, il dit que cela ne nuit pas à ses efforts.
Ensuite, et à mon avis c'est ce qui fait beaucoup : comme le dit Alain, la gestion de ce qu'on peut tirer est très détaillée : selon les parcelles chassées, le nombre de poules/coqs/lièvres maximum à tirer est donné, soit en total, soit par chasseur, ça dépend.
Le lapin est présent sur une petite partie du territoire, nous pouvons le tirer, mais jusqu'à présent, aucun lapin au tableau (ratés !). Etant donné que l'homme est sur sa chasse aussi souvent que sur son lieu de travail, pas besoin de comptage ou IKA, il connaît assez bien la tendance. Quand la matinée a été bonne, on arrête là, et on profite plus longtemps du repas !
Enfin, ce n'est pas une chasse d'actionnariat. Nous sommes 4-5 privilégiés (je considère que chasser le PG sur une telle chasse est un privilège) à y aller, 1 ou 2 journées/an. Eh oui, c'est très peu, mais le plaisir est décuplé : on voit du gibier sur chaque parcelle, et, étant donné mes qualités de tireur, je suis plutôt un conservateur qu'un chasseur
. Les tableaux, sur les deux saisons que j'ai pu faire là-bas, sont, par jour : 4 à 6 coqs, 2 à 3 poules, 1 à 3 lièvres. Pour 4-5 fusils. Ceci n'est pas représentatif de ce qu'on voit comme gibier. C'est beaucoup plus.
Je suis conscient que ceci représente sans doute un cas idéal, mais je vous assure qu'il existe. Mon peu d'expérience, et le fait que je n'ai pas discuté de tous les aspects de la gestion du petit gibier menée par cet homme, m'empêche d'aller plus loin dans les détails. En tout cas, une pression de chasse faible ne fait certainement pas le bonheur des actionnaires, quand il y en a ; mais pour ce qui est de la gestion et du maintien d'une population de PG SAUVAGE raisonnable (voire élevée), y a pas photo.
Bien à vous,
Pierre M.
Permis 2011