Je vous retranscris le texte d'un article paru dans la meuse Verviers du 4 septembre 2008 en page 9.
Verviers Tribunal
Un coup de fusil... coûteux
Deux flamands sont poursuivis pour avoir abattu un cerf wallon!
Philippe(40) et Paul(48) sont deux flamands de la région de St Trond qui sont venus s'amuser à chasser un cerf en Région Wallone, à un moment où c'était interdit. Ils se sont retrouvés devant le tribunal correctionnel de Verviers, où ils n'ont pas manqué de demander à être renvoyés devant un tribunal néerlandophone.
Ce qui, dans un premier jugement, leur a été refusé, alors même que la législation prévoit cette faculté. Mais voilà : comment faire appliquer une législation spécifiquement walonne par un tribunal flamand? Ce sont là les joyeusetés de la régionalisation.
TROPHEE
Dès lors, le tribunalcorrectionnel de Verviers a pris l'affaire, car les faits se sont déroulés sur une chasse de Francorchamps-Stavelot, le 25 avril 2003. A cette époque de l'année, on ne peut chasser que le sanglier, ce que les deux compères, invités par le propriétaire de la chasse, avaient sans doute l'intention de faire. Mais à la vue d'un beau cerf huit cors, Paul n'a pas résisté et l'a abattu. Ils étaient en train de découper la bête lorsqu'ils ont été pris sur le fait par des agents fprestiers attirés par le coup de feu. A l'audience, Philippe (qui parle très bien français, mais s'exprime via un interprète, vu sa demande de renvoi) proteste : "Je ne suis pas un braconnier. Je suis victime de quelque chose que je n'ai pas fait. J'accompagnais Paul en observation, quand subitement, il a tiré. J'aurais mieux fait de rester à la maison", dit-il en oubliant un petit détail : cela l'arrangeait bien, puisqu'il est taxidermiste(empailleur), et que la tête avait déja été coupée, sans doute en guise de trophée. Son avocat en tout cas, explique assez curieusement cette aide au découpage de l'animal : "Il ne voulait pas laisser pourrir la bête en plein bois, question de mentalité", dit-il en plaidant son acquittement car il n'a commis aucun acte positif dans la mort du cerf. Celui de Paul demande avec insistance la suspension du prononcé, car son client, chasseur sérieux et correct, a été victime d'une erreur : il a confondu le cerf avec un chevreuil blessé, qu'ils avaient vu la veille.
M. Collard, au ministère public, ne s'étrangle pas en entendant cette explication, mais presque : confondre un cerf de huit cors avec un chevreuil, c'est fort de café pour un chasseur. D'ailleurs, cette explication est venue plus tard, après avoir dit que le coup était parti par accident, alors qu'il observait l'animal à travers la lunette. Avec une balle dans le canon? Il réclame la confirmation d'un jugement déja rendu par défaut, 1500€ d'amende pour Paul, 1000 pour Philippe. Si cette peine est prononcée, le coup de fusil de Paul risque de lui couter très cher au total. Il a déja versé près de 3000€ en amendes diverses au Conseil cynégétique de Spa-Stavelot-Soumont et à la ville de Stavelot. Et la partie civile, toujours le Conseil cinégétique, réclame 2000€ en réparation du dommage causé à l'équilibre naturel de la forêt et à la protection de l'espèce animale, en abattant ce cerf reproducteur en pleine force de l'âge et en pleine période de reproduction. Juggement dans quinze jours<<
Luc Brunclair