HOG'S BREATH a écrit:Cher JRS,
Je tente de répondre à ta réponse afin d’avoir un débat constructif et tout d’abord, un grand merci pour ton commentaire et ta photo « Choc ».
C’est clair que cette flèche est « une image forte » et dérangeante.
J’aimerais savoir, et là je fais appel à notre expert balisticien, quel aurait été l’effet d’une mauvaise balle placée au même endroit ?
La balle aurait-elle eu le temps d’expanser ?
Franchement, je me pose la question.
De toute façon, merci pour ton intervention venant de l’autre coté de l’océan.
HOG’S
Cher Hog's
Sans prétentions aucunes, je me permets très humblement d’apporter des éléments de réponses à ces deux questions.
Pour pouvoir, au niveau létal, se faire un avis sur les effets d’une balle et d’une flèche, il est important de tenir compte d’une différence importante entre les deux types de projectiles, ainsi que leur pouvoir vulnérant propre.
La flèche, provoque la mort de l’animal principalement par désorganisation physique du fonctionnement de l’organisme et ce de manière très localisée, donc, par une atteinte directe ou différée sur les fonctions vitales permettant la vie ou la survie.
La zone d’atteinte interne se limitant à la largeur de la flèche lors de son déplacement dans le corps de l’animal, contrairement aux projectiles d’armes à feu où la zone d’atteinte est parfois multipliée par 10 voir plus.
L’atteinte est :
Directe si la flèche est bien placée, dans des organes vitaux, sur les parties les plus importantes du système circulatoire, système nerveux central, boite crânienne.
Différée voire nulle si la flèche n’a atteint que des espaces internes de faible importance au niveau vital, muscles, os, cavités diverses, organes non vitaux à cours terme. (cas de la photo choc)
L’avantage décisif du projectile d’arme à feu conçu pour la chasse et par la même occasion l’évaluation de son pouvoir vulnérant réside en très grande partie dans :
1- L’effet de choc ou onde de choc, il est conditionné par la vitesse, la masse, c’est la quantité
de mouvement ainsi que la constitution du projectile tant en dureté qu’en forme, mais aussi
la dureté de l’impact rencontré.
2- La trajectoire du projectile après impact, donc dans la chair.
3- La déformation interne de ce dernier.
L’effet de choc : à l’impact, il crée une cavité interne appelée « cavité temporaire » cette cavité temporaire naît de la réaction des fluides internes soumis à la forte hausse de pression induite par le passage du projectile dans la zone d’impact, c’est la transmission de l’énergie du projectile sur les éléments rencontrés, la quantité de mouvement.
Le corps de l’animal étant constitué en majorité d’eau, l’eau étant un fluide et donc incompressible (Loi de Boyle et Mariotte), cette dernière va donc au moment de l’impact se déplacer perpendiculairement à la zone de trajectoire du projectile, créant par ces effets des lésions aux organes et structures tissulaires par dépassement des limites d’élasticité des membranes dans cette zone, amenant donc des blessures mortelles.
Pour s’en convaincre, effectuons deux tir à 50m dans : une bouteille plastique vide et une bouteille plastique pleine d’eau, c’est éloquent !
La forme interne de cette « cavité temporaire » varie d’un projectile à l’autre mais une constante est souvent observée, la forme est très souvent une sorte de losange asymétrique assez grossier, irrégulier du fait de la perte de vitesse et donc d’effet de choc du projectile.
Théoriquement, un projectile adapté et efficace serait donc celui qui à l’entrée et à la sortie du gibier provoquerait des orifices d’entrée et de sortie ayant sensiblement les même valeurs dimensionnelles, preuve que la majorité de l’énergie cinétique à été délivrée dans le gibier, il s’agit dans ce cas de figure de projectiles de chasse (sans âmes en acier) propulsés aux vitesses requises.
Pour répondre aux deux questions ;
Dans le cas de la photo choc, il est à supposer qu’une balle ayant emprunté la même trajectoire aurait certainement par son onde de choc, créé un état de perte de conscience limité chez l’animal vu la proximité de la zone d’impact avec la région du cerveau (comme le KO chez les boxeurs), permettant par la même occasion de faire suivre un deuxième tir d’achèvement mais encore une fois, avec des « SI »
Pour ce qui est de l’expansion, on est en droit de penser qu’elle aurait expansé puisque dans un environnement osseux mais de combien de % difficile à déterminer.
L’approche de ces questions fut abordée par la balistique lésionnelle.
Effectivement, si la majorité d’entre nous en tant que chasseur accorde beaucoup d’importance à la balistique intérieure, extérieure et de but, beaucoup se limite à une analyse très sommaire par la balistique lésionnelle, dommage car elle nous apprend beaucoup sur l’efficacité des projectiles que nous utilisons, cela permettrait certainement moins de gibier blessé mais remettrait souvent en question le choix des calibres et projectiles utilisés.
Se limiter après le tir d’un gibier, à s’assurer où est entrée et où est sortie la balle est une bonne démarche mais sans autre forme d’investigations c’est du gaspillage d’informations indiscutables et concrètes, assister au dépeçage, récupérer le projectile s'il est présent et se rendre compte des dégâts internes occasionnés par la balle permet souvent de se poser des questions, de revoir ses choix de calibres et de projectiles mais également de faire des tirs « propres » occasionnant les moins possible de souffrances à l’animal prélevé, en somme essayer de tuer net.
Ce qui je pense est l’objectif de chacun de nous.
Certains ne se posent pas ce genre de questions et c'est peut être très bien ainsi !
Bien cordialement
Celui qui veut trouve les moyens, les autres trouvent des excuses.
La perfection ne sera jamais dans l'homme, l'important est qu'elle soit dans ses intentions.