de quoi parlons-nous ?
Comment une lame et donc une flèche propulsée par un arc donne-t-elle la mort de l’animal, comment cela se passe ?
préambule pour les initiés : ce sujet n'a pas pour vocation d'être parfait ou exhaustif. Il essaye une présentation résumée et simple de ce qui s'utilise généralement comme matériel, et le pourquoi de ce choix. Nous savons tous, chasseurs à l'arc, que tant les lames que les paramètres définissant le caractère létal d'une lame et d'une flèche de chasse fait encore aujourd'hui couler beaucoup d'encre, d'avis divergeants, sinon même parfois de polémique plutôt passionnée.
Ceci étant dit, entrons dans le "vif" du sujet, du moins essayons
La lame de chasse tue uniquement par hémorragie. Le but est donc de pénétrer le plus profondément possible le corps de l’animal, pour atteindre des organes vitaux comme cœur, poumons, foie, gros vaisseaux sanguins,....de couper ces organes pour produire l’hémorragie la plus importante, la plus rapide et par là la mort la plus rapide.
A la différence d'une balle, une lame ne produit pratiquement aucune lésion des tissus quand elle pénètre, on aura donc pas d'effet de ralentissement de l’hémorragie suite à des lésions multiples des tissus environnants, cela saigne d’ailleurs généralement de manière plutôt "spectaculaire".
Pour ce faire, il est donc très important que lame de chasse et flèche comportent les différents éléments suivants :
-la lame doit être la plus aiguisée, la plus tranchante possible, on dit qu’elle doit couper comme un rasoir les poils du bras.
-Il faut que la largeur et la longueur de chaque tranchant soient la plus importante possible. Si vous vous coupez le doigts en passant une lame de couteau de 8 cm, vous ne ferez pas les mêmes dégâts que si vous aviez utilisé un couteau de boucher avec une lame de plus de 15 cm,
-Enfin il faut que la flèche pénètre le plus loin possible, au mieux traverse l’animal de part en part.
Bien, voyons maintenant chacun de ces paramètres.
Il faut que le tranchant soit rasoir. Bon pas trop compliqué me semble-t-il, c’est une question d’aiguiser correctement la lame.
La largeur et la longueur de coupe doivent être le plus important possible.
C’est ici que l’on aborde le choix d’une lame, compte tenu aussi de sa propre capacité de pénétration, sans encore aborder celle de toute la flèche, ce qui implique alors aussi les "capacités" de l’arc.
Vu ces deux paramètres, on se place en toute logique d’abord sur une lame simple deux tranchants, d’une forme en générale de triangle.
quelques exemples :
la différence entre ces deux modèles : une est ajourée pour éviter l'effet de planage de ces lames monobloc tirées avec certains arcs, et on peut changer les tranchants sans devoir réaiguiser.
Sans trop réfléchir, on se dit assez vite : ce modèle doit pénètrer mieux qu'une autre avec 3 tranchants ou plus. Oui peut-être, mais plusieurs tranchants auront aussi une plus grande longueur de coupe et donc.... nous verrons
Il existe et on emploie aussi d’autres types de lames pour le grand gibier. La différence essentielle se situera donc sur le nombre de tranchants, mais aussi sur la forme et "le processus de coupe". Je m’explique de suite.
On trouve d’abord des lames à 3 ou 4 tranchants, en voici quelques exemples :
lames fixes
lames interchangeables
4 lames :
Mais il existe encore un dernier type de lame appelée mécanique, où les tranchants peuvent s’ouvrir et se fermer.
Quand on la monte sur l’arc, les tranchants sont refermés dans le corps de la lame un peu comme un canif. Elle ressemble assez à une pointe d’entraînement, et c’est justement le but recherché ici. En effet, il est plus facile de faire voler correctement et surtout avec la plus grande vitesse, une pointe d’entraînement qu’une lame de chasse en forme de triangle. Le but ici est donc de donner à la flèche un vol le plus proche de celui obtenu avec une pointe field d'entraînement.
Mais que se passe-t-il alors ?
Et bien lors de l’impact de la pointe contre un obstacle, le mécanisme libère les lames du corps un peu comme un canif à cran d’arrêt qui libère la lame avec un ressort. On obtient alors une lame à multiples tranchants. Je précise de suite que ce type de matos est plutôt réservé (ou en tout cas a été étudié pour) des arcs capables de donner une vitesse de sortie de flèche très élevée comme les compound.
Bien et après tout cela, on a fait le tour des différents types de lames, mais cela ne nous dit pas encore comment et pourquoi on choisit un modèle plutôt qu’un autre ?
C’est ici que nous allons devoir parler de force de la flèche, de sa capacité à tuer.
On essayant de simplifier les choses, sans être exhaustif donc, c’est l’arc qui donne à la flèche sa vitesse de déplacement. Donc plus l’arc est puissant plus il transmettra de vitesse à la flèche. Plus la flèche emmagasine de vitesse, plus elle sera susceptible de pénétrer, disons de tuer.
Jusque là cela va ?
Une des données de base de la capacité de tuer d’une flèche, est ce que l’on appelle son énergie cinétique ou KE, qui s’obtient par la formule suivant : poids de la flèche * sa vitesse au carré.
Plus le KE sera élevé, plus la flèche acquerra de capacité ou d’énergie.
Bon avec ces paramètres on fait quoi, comment choisit-on un modèle de lame plutôt qu'un autre ? Et bien on réfléchit et on analyse le rapport de force de son matériel vis-à-vis du type de gibier convoité et de ses caractéristiques physiques (résistance, masse osseuse,..)
Essayons de résumer un peu tout cela.
Il est certainement clair pour tout le monde que la vitesse conférée à une flèche par un longbow n'a pas grand chose à voir avec celle transmise par un arc à mécanisme, appelé aussi compound.
De même, on peut considérer sans se crêper le chignon, qu'une lame à deux tranchants a de base une meilleur force de pénétration qu'un modèle à 3 tranchants ou plus .
Ensuite, compte tenu de ce calcul de KE, on va chercher à utiliser la meilleur formule possible entre type d'arc, type de flèche et type de lame pour atteindre "les capacités physiques de tuer" les plus élevées possibles des matériels choisis .
Ainsi, on pourrait dire que si on utilise un longbow, on peut peut-être choisir de monter un tri-lames pour chasser un chevreuil, mais si on se prépare à tuer un sanglier d'un certains poids (au-delà de 50 kg), on devra peut-être se résigner à n'utiliser qu'une lame à deux tranchants.
Par contre, si on utilise un compound, on aura alors peut-être une configuration matériel dont les facteurs techniques ouvrent un panel de choix de matériels plus larges.
Ce qu'il faut se dire enfin pour conclure, c'est que tous les arcs et toutes les lames tuent, et tuent proprement et efficacement. Ce qui doit être respecter pour tout chasseur à l'arc (et qui l'est), ce sont les capacités et les limites du matériel que l'on a choisi, compte tenu de ce que l'on compte en faire. C'est aussi une partie de ce que nous appelons l'acte responsable de tout chasseur à l'arc, mais à mon sens celle-ci est aussi commune à tous les chasseurs quelque soit son arme.
A votre service pour toute question.
à bientôt