Oui, effectivement, EN VILLE, où habitent les bailleurs de fonds les plus sonores de la LRBPO, les ramiers ont une période de nidification qui peut s'étendre de février à septembre.
Bon, là on est mal barre : Maître Lebrun avance des nombres de reproducteurs qui n'ont rien de significatif ni de réel : ce sont des estimations de personnes qui sortent des statistiques (les statistiques auxquelles je crois, ce sont celles que j'ai faussées moi-même) impossibles à contredire comme à confirmer.
Il y a, selon mes observations, 2 sortes de ramiers : les indigènes et ceux qui migrent ; ceux que l'on tire sur les terres de pois, lin, féveroles, d'avril à juin, sont la plupart du temps des migrants en migration de retour ; si on analyse et compare un peu ces ramiers victimes de destruction sur pois, etc, on remarque des différences de taille et de poids assez importantes et même des différences dans le plumage; je ne suis pas un grand professionnel de la destruction de ramiers, mais l'an dernier sur 31 ramiers détruits, 30 n'étaient manifestement pas comme le 31e : plus petits, en général un jabot vide.
Pourquoi est-on mal barre ?
Parce qu'à la suite des massacres de tourterelles des bois (notamment !) le long de la côte atlantique sous prétexte de "chasse traditionnelle" lors de la migration de retour au printemps, l'UE a interdit la chasse lors de la migration printanière de retour vers les régions de reproduction. C'est aussi un argument avancé par la LRBPO.
Mais aussi, les chasseurs demandeurs demandent souvent des nombres ridiculement bas, censés signifier " Je ne demande que ça, ça ne va pas faire de mal ". En faisant cela, ils affirment ni plus ni moins qu'il y a des ramiers, mais que ça ne vaut pas la peine qu'on se retourne pour si peu, qu'ils font cela juste pour plaire aux occupants qui ont d'autres soucis ; en d'autres termes, ils confirment ni plus ni moins que détruire les ramiers n'a pas de sens.
Quand vous faites une demande de destruction de ramiers, n'hésitez pas à demander une moyenne de 40-50 par tireur engagé, basez-vous sur vos résultats de l'an dernier.
Pour parler clair, il faut comprendre que tout le monde, tous les destructeurs, ne sont pas des tireurs infaillibles, pour les 31 ramiers ramassés, nous avons tiré au moins sur 100, on a tiré une centaine de cartouches ; pour tirer sur 100 ramiers, il faut en voir au moins 600 : ils passent par petits groupes de 6-10 oiseaux.
Alors, si on dit que les 3.500 ramiers de la direction de Liège ont tous été tués, il a fallu tirer sur 10.000, et donc en voir vu au moins 60.000. Mais bizarrement, il n'y a personne pour compter, alors toutes les élucubrations sont permises...
Je vois souvent un ancien forestier des grandes plaines du Brabant Wallon : son triage était gigantesque et, comme il le disait, l'indemnité qu'on lui donnait couvrait +/- 1/3 du coût réel de ses déplacements professionnels ; une fois, il râlait parce qu'on l'avait envoyé par erreur en dehors de son triage à la suite d'une demande de destruction de ramiers faite par un occupant. Le forestier observe qu'aucun ramier n'est présent sur le champ, mais par contre il y a une vingtaine de coulons de ville, des pigeons "féraux" comme on dit maintenant. Il fait rapport et la demande est refusée. L'occupant va en recours chez le ministre compétent, ce qui a obligé le forestier à retourner sur place pour voir qu'il y avait effectivement des ramiers. L'inspecteur fait suite à la réclamation et accorde la destruction. Quelque temps plus tard, le forestier et l'Inspecteur se rencontrent incidemment au bureau, l'Inspecteur: "bonjour Monsieur, je vous ai envoyé du travail: une destruction de ramiers.".
Le Préposé : " Oui Monsieur l'Inspecteur, j'y ai déjà répondu. "
L'Inspecteur : " Oui mais il faut quand même aller voir s'il y a des ramiers"
Le Préposé : " Monsieur l'Inspecteur, le mois dernier, j'ai fait le travail comme il est prévu ; le culto a été en recours, j'ai été obligé d'y retourner. Alors Monsieur l'inspecteur, ici, du fond de l'ascenseur où nous sommes à Namur, je vous affirme qu'il y a des ramiers sur les cultures là où la demande est faite."
Regard compréhensif.