Un poste en or.

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Un poste en or.

Messagede woden » 12 Mar 2013, 20:40

Je profite du retour de l'hiver et du fait d'être coincé à la maison pour partager avec vous quelques uns de mes moments de chance de la saison, et en particulier un poste auquel j'ai été placé à trois reprises, et auquel j'ai eu la chance à chaque fois de tirer.

Commençons par le commencement : nous sommes un peu avant le début de la saison, et, cette année, nous avons décidé de réduire un peu le nombre de carabines à chaque battue, et donc aussi de réduire la taille de certaines enceintes. Nous couperons donc une de nos meilleures enceintes en deux. Nous avons aussi perdu un posteur habituel, et étant donné qu'aucun de nos actionnaires ne peut, pour des questions de condition physique ou d'assurance, prendre la responsabilité de poster les gens, je devrai poster une très longue ligne et hériter du "poste à renard" dans un fin layon en rebrousse. Etant donné l'étroitesse du layon, et sa relative faible longueur, nous ne serons que maximum deux fusils sur cette ligne.

Coupons les blablas pour passer à la première battue de l'année. Je place mes postés en plaine le long du bois, sur la longue ligne d'un bon kilomètre, non sans mal puisque nous sommes bien moins que prévu. Je dois donc espacer et sauter quelques postes, ce qui ne m'empêche pas de me retrouver seul sur mon fin layon, à court de carabines.
Les traqueurs démarrent près de moi dans une très jeune plantation d'épicéas très espacés mais non dégagés, idéale remise vu le beau temps. Effectivement, il ne faut pas dix minutes aux chiens pour partir avec un chevreuil qui passe à l'autre bout du layon, là où j'aurais dû placer ma dernière carabine. Dommage. Je décide alors de repartir vers l'autre bout du layon, étant donné que je suis seul et que ça semble passer par là. Erreur ... , à ce moment précis, j'entends craquer derrière moi et je me retourne juste à temps pour voir un chevrillard se préparer à traverser la ligne. Juste le temps d'épauler et lâcher ma balle, qui passe juste au-dessus de lui. J'ai à peine le temps de recharger qu'un autre passe la ligne d'un bond, je lâche ma balle à l'instinct et ne le vois plus. Je pense bien l'avoir loupé, mais je me déplace tout de même le long de la ligne, histoire d'arrêter les chiens qui ont toujours tendance à aller trop loin et que j'entends arriver sur les traces de mes deux loupés présumés. J'ai à peine fait 20 mètres que je trouve le second chevrillard, mort d'une balle en plein coffre de l'autre côté du layon. L'année commence bien, fin du premier acte.

Second acte: mi-novembre, nous décidons de repasser dans cette enceinte, étant donné qu'elle contient un peu trop de chevreuils à notre goût, et que nous n'en avons prélevé qu'un, le mien, la fois dernière.
Cette fois-ci, j'ai assez de carabines et peux donc placer quelqu'un d'autre avec moi. Je me décale donc un peu plus vers le bout de la ligne, ainsi les chevreuils devraient passer entre nous deux. Les traqueurs démarrent et, même scénario que la dernière fois, un chevreuil se dérobe vers nous après quelques minutes seulement. Je vois arriver une grosse chevrette seule, elle se retourne pour voir où sont les traqueurs, et je distingue qu'elle est blessée à la gigue. Elle traverse la ligne à 10 m de moi, ma balle part et la fauche en plein élan. A peine le temps de respirer qu'un chevrillard suit le même chemin. Mince, elle n'était donc pas seule... Il s'arrête à moins d'1,50 m de moi. Entre nous, un micro buisson, qui ne cacherait pas mon petit doigt. Mince, c'est foutu, il m'a vu et ne traversera pas. Je ne bouge pas et profite du moment quand soudain, à ma grande surprise, il se décide tout de même à traverser juste dans mes pieds. Je le foudroie donc sur place avec un peu de regret. C'est un tir peu sportif, certes, mais qui évite un chevrillard orphelin... Me voilà donc à trois chevreuils au même poste cette année, j'ai un peu peur de la jalousie de mon voisin, un chasseur que je vois pour la première fois et qui doit penser que je l'ai mal placé pour me garder le bon poste. Mais non, trop occupé à regarder mes tirs, il n'a pas vu à temps le brocard qui est passé derrière lui et n'a pas voulu lâcher une balle hasardeuse à travers les branches, chapeau ! Fin du second acte.

Troisième acte: mi-décembre, malgré que nous avions décidé de ne plus chasser ce morceau (passer deux fois, c'est plus qu'assez), je fais le pied avec un associé le matin. On a tiré assez de chevreuils cette année, et on ne chasse en effet donc plus que la "bête noire". Bingo, il y a une entrée et pas de sortie : ils sont dedans! Rituel habituel, je pars le premier pour placer ma longue ligne. On est en comité très réduit cette fois, j'étire donc la ligne le plus possible et j'ai à peine assez de personnes pour couvrir la plaine. Je suis donc une fois de plus seul dans mon layon... Enfin, ce n'est pas trop grave, à cet endroit les sangliers ne font presque jamais la rebrousse. Et en effet, après 30 minutes de traque, j'entends les chiens mener en avant et tirer à la ligne en face. Bingo, ils étaient bien là. Je continue à écouter la traque quand j'entends craquer en face, direction le bout de ma ligne. Je me déplace vite pour me rapprocher, et grimpe sur une souche pour essayer de voir ce qui arrive. C'est bien un sanglier d'une cinquantaine de kilos qui arrive comme une balle. Je me prépare, il déboule droit où je l'attendais, je l'ajuste au défaut de l'épaule et lâche ma balle. Il s'écroule, ou du moins je crois qu'il s'écroule, mais son groin a à peine touché le sol qu'il repart de plus belle. Le doute m'envahit, ma balle pourrait bien être trop basse. Je réarme ma CZ le plus vite que je peux et relâche une balle à travers le taillis, qui passe juste au-dessus, suivie d'une autre, derrière celle-là. Heureusement, il s'écroule définitivement cette fois, avant que la quatrième balle ne parte, à 20 m d'où il a pris la première. Effectivement, à l'autopsie, ma première balle entre en plein défaut d'épaule et casse une patte avant à la sortie. Il n'aurait donc pas pu aller très loin... Mais bon, comme vous le savez tous, un sanglier, tant qu'il court, peut faire des dégâts sur le chiens qui arrivent derrière. Je ne regrette donc pas mes deux balles "inutiles". :oops:
Fin de la traque, je constate que mon petit solitaire de 50kg est en fait une belle laie, mince, je pense aux marcassins qui risquent d'être orphelins et errer dans la zone en faisant pas mal de dégâts. Heureusement les traqueurs arrivent pour me rassurer : il n'y avait qu'un seul marcassin avec la laie, et il s'est fait tirer à la ligne. Ouf!

A la fin de la saison, je dois tout de même avouer que je n'aurais jamais pensé que ce poste serait à ce point fréquenté.
L'année prochaine, je vais lui attribuer un numéro pour qu'il puisse être attribué à un autre chançard. Moi, j'irai traquer avec ma nouvelle recrue à quatre pattes...
Au final, je n'ai tiré de gros gibier qu'à ce poste sur ma chasse cette année, ce qui m'a valu, vous vous en doutez, plusieurs questions sur les activités de ma compagne pendant que je suis à la chasse ... :roll:
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Re: Un poste en or.

Messagede ep » 12 Mar 2013, 21:42

Merci Woden, pour ce récit qui nous remet un peu dans le "bain"! :D

Cela confirme également qu'il n'y a pas de mauvais poste, le gibier peut arriver n'importe où. :idea:

Bien cordialement. :wink:

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