Un jeune chasseur aménageur distingué par un prix !

[Le garde de Picardie]

" Ramillies : un chasseur et agriculteur de 26 ans récompensé pour sa démarche écoresponsable
Inciter le monde de la chasse à adopter de bonnes pratiques en matière de préservation de la biodiversité, et y sensibiliser le grand public par la même occasion, c’est le sens des prix décernés par l’asbl Faune et Biotopes. Un des lauréats de cette troisième édition est un jeune chasseur et agriculteur de 26 ans. Louis Dumont de Chassart s’est vu décerner le titre de "Jeune chasseur aménageur". Pour mieux comprendre sa démarche, nous l’avons rencontré sur ses terres à Ramillies.
... " : https://www.rtbf.be/info/regions/detail ... d=10851726

[Chill]

Vivant et chassant à Ramillies, je ne peux que confirmer, pour avoir rencontré et discuté avec le papa Dumont de Chassart, leur implication dans la conservation du gibier et des biotopes. Un exemple à suivre !
En général les biotopes de Ramillies sont d'ailleurs excellents, avec une alternance de zones boisées, de haies, de prairies, de cultures à gibier, etc.
Et pour ceux que je connais, des chasseurs consciencieux qui tirent de manière raisonnée, pas de lâchers ... et 0 perdrix.

[Le garde de Picardie]

Cher Chill,

Concernant la chasse de M. Dumont de Chassart, que je félicite au passage, voici mes questions, pour savoir si le chasseur lambda peut copier la formule :
1) Est-il propriétaire de la majorité de son territoire ?
2) Il est chasseur-agriculteur, ce n'est pas donné à tout le monde, si ?
3) Quel est le montant investi chaque année pour ce genre de gestion ?
4) Combien de journées de chasse/an ?
5) Quel est le "tableau" de prélèvement annuel en PG ?
6) Pas de voisins lâcheurs ?
7) Que régule-t-il comme "mordant" ?

Être titulaire du droit de chasse sur ses propres cultures et être propriétaire, ça change beaucoup de choses. Ce jeune chasseur est des deux côtés de la barrière, il est chasseur quand il cultive. C'est fort différent d'avoir affaire à des "chefs d'entreprises" qui n'ont absolument rien à faire de la petite faune !

Qui a fait disparaître la petite faune des plaines ????? Le chasseur, malgré les dérives, ou l'agriculteur ?

Si vous pouviez vous renseigner, de manière objective, sur les réponses aux sept questions ci-dessus, nous y verrions peut-être déjà un peu plus clair.
Je crois que vous devinez le sens de ma démarche.

Merci à vous.

[Chill]

Pas de soucis, je trouvais de toute façon intéressant de parler de "ma" commune, peu importe pour moi où la discussion se trouve (les modérateurs / administrateurs ne seront peut-être pas du même avis que moi, comme le dit GdP, pas de soucis à voir nos messages déplacés dans un autre sujet s'ils le jugent nécessaire).

Voici mes réponses dans vos questions :

Concernant la chasse de M. Dumont de Chassart, que je félicite au passage voici mes questions, pour savoir si le chasseur lambda peut copier la formule:
1) Est-il propriétaire de la majorité de son territoire ?

OUI

2) Il est chasseur-agriculteur, ce n'est pas donné à tout le monde, si ?

NON.
De fait. j'ai repris une chasse de 120 ha à Bomal (dans la commune de Ramillies, pas Bomal/Durbuy), il me sera bien plus compliqué d'envisager ce genre d'aménagement en n'étant pas propriétaire. Mais à terme, je voudrais arriver à convaincre tous ou une partie de mes propriétaires d'accepter l'implantation de MAEC sur leurs terres. Qui vivra verra...

3) Quel est le montant investi chaque année pour ce genre de gestion ?

AUCUNE IDEE. Mes conversations avec Monsieur Dumont de Chassart n'ont pas été d'ordre financier.

4) Combien de journées de chasse/an ?

PEU.
Comme dit dans l'article, ils observent plus qu'ils ne tirent. Selon Monsieur Dumont de Chassart - père, ils ne chassent pas le faisan depuis trois ans et commencent seulement à l'envisager cette année, en ne tirant que les coqs, et peu d'entre eux.

5) Quel est le "tableau" de prélèvement annuel en PG ?

AUCUNE IDEE.
Mais vu la position très conservatrice, je dirais qu'il n'est pas énorme, et que le tableau n'est pas un objectif.

6) Pas de voisins lâcheurs ?

Non. Ils privilégient d'une ancienne sablière devenue réserve (donc non chassée) à proximité de leurs terres / leur chasse + un petit bois sur leurs terres qu'ils ne chassent pas (à ma connaissance) et qui sert de gîte à pas mal de gibier (faisan, chevreuil et lièvre principalement).

7) Que régule t-il comme "mordant" ?

JE NE SAIS PAS.
Ce que je sais :
Ils ont une corbeautière,
Ils font des affûts renards.
Nous régulons beaucoup les corvidés et renards sur la chasse voisine (celle où la sablière mentionnée plus haut se trouve).

Être titulaire du droit de chasse sur ses propres cultures et être propriétaire ça change beaucoup de choses. Ce jeune chasseur est des deux côtés de la barrière, il est chasseur quand il cultive. C'est fort différent d'avoir affaire à des "chefs d'entreprises" qui n'ont absolument rien à faire de la petite faune !

Je ne peux qu'être d'accord. La difficulté pour n'importe quel "repreneur" non propriétaire tel que moi est le travail en amont pour arriver à "vendre" l'idée des aménagements aux propriétaires.

Qui a fait disparaître la petite faune des plaines ????? Le chasseur, malgré les dérives, ou l'agriculteur ?

Vous n'obtiendrez pas de moi que je critique les agriculteurs (et je suis convaincu que votre question était rhétorique et que ce n'était pas votre intention).
Ils se battent avec les armes qu'on leur donne. Comment rester compétitif en tant qu'agriculteur en Belgique compte tenu des règles à multiples vitesses appliquées de par le monde ... ?
Le sujet de la PAC est vaste et compliqué... Mais de mon point de vue on n'a rien réglé avec la nouvelle version... il y a encore énormément de travail.

Si vous pouviez vous renseigner, de manière objective, sur les réponses aux sept question ci-dessus, nous y verrions peut-être déjà un peu plus clair.

J'ai répondu aussi objectivement que possible, la seule dérive que je me suis permis concerne les agriculteurs où il s'agit d'un avis purement personnel.

[Le garde de Picardie]

A Chill.
Voilà au moins une réponse intelligente, franche et honnête.
Trois points me semblent importants : le fait d'être chasseur-propriétaire-agriculteur, le peu de pression de chasse et le coût ignoré des aménagements.
Mais qui, parmi les petits chasseurs, peut se permettre de louer des droits sur lesquels il n'a pas pratiquement pas d'emprise sur les cultures pour y tirer quelques coqs et lièvres ?
Je suis contre les tableaux, je l'ai déjà signalé de nombreuses fois, mais vous me comprenez je l'espère.
Pour ma part, je ne puis que vous encourager dans vos projets.

Il m'est revenu qu'au cours du webinaire F&B, un chasseur, dont je n'ai pas retenu le nom, tente la même expérience et tire 55 coqs/an. 55, il faut en laisser quelques-uns quand même.
Ca fait déjà beaucoup de coqs. Il faut tout bien analyser car tout ce qui brille ... Là-dessus, tant mieux si c'est vrai.

BàV

[Caramba]

Gérer du faisan :
- commencer par ne pas chasser le faisan pendant disons 4 ans minimum, non même pas les coqs car ce sont eux qui forment la base du succès de la reproduction; je l'ai expérimenté par hasard tout simplement, parce que la moitié de la propriété avait perdu son titulaire début 1993 et le lot : 276 ha bois + 3 ha plaine n'a été remis en adjudication qu'en 1997
- nourrir régulièrement, les quelques zones un peu humides ne contenaient pas de faisan au début, le nourrissage s'est fait dans des gros tuyaux bricolés en trémies avec du maïs pur
- gestion des prédateurs : sur les 4 années, quelques chats, jamais de renard adulte mais tous les jeunes qu'il y avait moyen de prendre, tirer, puis quelques corneilles, quelques pies et puis basta
Cela avait été observé à grande échelle : Georges Schnock, alors secrétaire du CC Dyle-Orneau publie un rapport dans les années 90, et conclut que la principale cause de mortalité (+ 95%) du faisan est la chasse.

+observations:
- les coqs patrouillent sans arrêt leur territoire de reproduction; c 'est une occupation dangereuse, mais c'est justement ça qui favorise le succès de la reproduction; dans une phase de (re)construction d'une population de faisans, le succès augmente quand le sex ratio est au plus proche de 1:1; les vieux coqs sont les plus productifs
- pratiquement toutes les poules pondent mais elles ne couvent pas toutes leurs œufs; par contre, certaines poules couvent ceux de leur copines de la compagnie; on peut obtenir de cette manière des couvées très fortes en nombre d'individus; en 2011: 24 faisandeaux de plus de 3 semaines conduits par une seule poule; la puce à l'oreille est donnée par l'observation d'une poule Colchide qui conduit huit jeunes Colchide, mais aussi 3 poussins de vénérés dans sa ribambelle. On peut en induire la possibilité d'un "parasitisme reproducteur"; c'est connu chez d'autres espèces comme les poules de ferme.
- observer, en période de couvaison, 2-3-4 poules avec un coq ne signifie pas que la reproduction a échoué ! Une autre poule peut très bien assumer et assurer la couvaison des œufs des autres fainéantes.
- le climat est prépondérant dans la réussite : un jour/nuit de pluie froide tue pratiquement tous les poussins en quelques heures
+ lors d'un colloque à Namur il y a quelques années, j'ai été félicité et remercié nommément et en grande pompe par un vrai gestionnaire de gibier naturel dans les Hauts Pays de Mons: je lui avais juste fait part de mes observations et de mes conclusions: mise en œuvre sur 5 ans et puis prélèvement parcimonieux
A ce propos: soit on chasse individuellement, à 2-3, soit on chasse uniquement en battue mais ! postage uniquement en tête de battue, pas sur les flancs et encore moins en arrière; les fusils "traquant" se limitent au lapin, bécasse mais ne tirent pas de coq. Le principe: il y a x coqs à tirer, ça fait par chasseur posté x divisé par le nombre de postés, on ne tire que sur les faisans qui passent "sur" le chasseur, pas entre les deux postes.
Et ceux qui font la rebrousse? surtout ne pas les tirer ! Ce sont les malins qui ont piété vers l'avant, dérangés par la traque; là, ils ont buté sur les fusils postés, ils piètent dès lors vers l'arrière et butent à ce moment sur les traqueurs qui ont avancé. Ce sont les malins, ceux qui ont résisté plusieurs années à tout; vous les tirez de façon imbécile "parce qu'ils font la rebrousse", vous tirez les pères de vos poussins.
Il y en a qui n'ont pas compris : "Tu n'y connais rien." qu'ils m'ont dit. En deux journées de chasse, ils ont ruiné 4 ans de travail et d'espoir.
La nature fonctionne très bien toute seule, faut pas lui tordre un doigt car alors elle vous arrache la jambe. Tôt ou tard.

C'est quand même pas sorcier, sauf que quand on loue cher des territoires de grande étendue, trouver des actionnaires qui acceptent de payer avec à la clé des privations pendant 4-5 années, c'est pas évident.

Comme quoi, moins rapporte souvent plus.

Amen

[Le garde de Picardie]

Merci Caramba pour ce riche partage d'expérience.
Tiens l'expérience perdrix et PG en général des Hauts-Pays, qui a souvent été montrée en exemple, ça continue toujours ? Il me semble qu'on n'en parle plus.
https://www.solitaireardennais.be/press ... 1427707586
BàV