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Recherche de gibier blessé... Un bien singulier chasseur !

Date : 05/12/2008

Cette recherche peu banale m'est arrivée il y a quelques années maintenant, un lundi matin. Je m’apprêtais pour me rendre à mon travail, lorsque l'on sonna à ma porte. En ouvrant, contrairement à ce à quoi je m'attendais, je constate que ce n'est pas le facteur, mais bien un chasseur passablement excité, il vient manifestement de subir une violente émotion. Bien qu'il s'exprime dans un français difficilement compréhensible, et malgré que mon néerlandais n’est pas vraiment au point, je comprends qu'il essaye de m’expliquer qu’il y a un cerf blessé et qu'il me demande si je pourrais aller faire la recherche de ce cerf. Pour essayer de le calmer tant bien que mal, je le fais entrer, et lui offre une tasse de café. Apparemment, il en avait besoin. Ayant pris mes affaires et mon chien, je le suis jusqu’à l’endroit qu’il me montre.

A l'examen des lieux, je constate qu'effectivement il y avait bien les traces d'une bête qui se traînait, mais point de sang, ni de poil, rien !

Je ne lui pose pas trop de questions, on parle le "petit nègre", on fait des gestes et, aussi incroyable que cela puisse paraître, nous arrivons quand même à nous comprendre. Nous sommes dans une petite clairière qui longe un fourré de sapins, avec un écartement assez large entre eux, ce qui fait que je peux voir à une assez longue distance. Le chien prend une direction, je regarde le chasseur, et il me fait signe de la tête que c'est la bonne direction. Je laisse donc faire le chien pendant au moins deux cent mètres. Soudain, je vois un cerf couché sur le ventre, il me tourne le dos, je vois la tête bouger, il agonise. Sans hésitation, pour abréger ses souffrances, je l'achève d'une 8x60S dans la nuque. En arrivant près du cerf, je ne peux que constater qu'il est bien mort. Le chien commence déjà à le mordiller. Lorsque le chasseur nous rejoint, une chose me frappe: c'est qu'il n'ait pas l'air plus enchanté que cela. Je suis suffoqué, je regarde l'animal qui pourtant, porte quatorze cors, des bois assez gros, dont la masse se trouvait en dessous, des meules assez importantes, un très beau cerf ! Après un moment, comme j'ai dit au chasseur que j'allais vider la bête, joignant le geste à la parole, je retourne le cerf ; à ma grande surprise je ne vois aucune balle, mais l'arrière train du cerf est tout noir et que les pattes sont cassées. Le chasseur me regarde et essaye de me faire comprendre que ce cerf avait été touché par un véhicule et qu'il l'a vu ce matin là en pirschant.

A partir de ce moment, je ne touche plus la bête, et je lui demande d'appeler un forestier, il me répond que non, vu qu'il n'a pas tiré sur ce cerf là.

Je me trouve dans une situation assez bizarre. Pour voir sa réaction, je lui dis que ce cerf m'appartient, vu que c'est moi quoi l'ai achevé ; il fait un bond en arrière et commence à hurler que ce cerf est à lui et qu'il ne mettra pas de bracelet. Voyant qu'il s'énerve, je le calme et lui recommande de le déclarer au forestier.

C'est là que je suis parti, sans plus me préoccuper de la suite de cette histoire. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de ce cerf, mais je pense bien que ce singulier chasseur aura coupé la tête et laissé les restes aux sangliers.

Aujourd'hui encore, je suis persuadé que le récit de son "exploit" aura été bien différent de la triste fin de ce cerf.

Michel Rocoux
Conducteur de chien de sang


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