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Date : 12/12/2008
Chacun le sait, en de très nombreux endroits de Wallonie, comme à travers toute l'Europe, notamment suite à une succession d'hivers peu rigoureux et à des ressources alimentaires abondantes ayant favorisé leur reproduction, il y a pléthore de sangliers, avec pour corollaire des dégâts multiples et divers ! Soucieux de leur rôle de régulateur des populations de grand gibier, les chasseurs wallons ont donc entrepris de réduire drastiquement les populations, avec comme effet pervers que, ainsi que la presse télévisée, notamment, s’en est fait l’écho récemment, les frigos et congélateurs des grossistes wallons débordent. Résultat, le prix offert au chasseur pour le sanglier s’effondre : 1 €/kg, voire moins !
En effet, si la cession d'un gibier entier au particulier moyennant examen préalable par un chasseur ayant reçu une formation spécifique lui permettant de déceler toute anomalie ou maladie, attesté par un certificat qui engage sa responsabilité, et ce pour tous les gibiers, outre le résultat négatif d'une analyse en laboratoire (aux frais du chasseur, visant à détecter la présence éventuelle de trichines chez les sangliers), est encore possible, depuis plusieurs années, contrairement à la France, les chasseurs ne peuvent plus céder leur gibier, quel qu'il soit, directement au commerce de détail : restaurants, traiteurs, bouchers, … Pour cela, il est indispensable que le gibier transite par un atelier de traitement de gibier agréé, bref un grossiste.
Aussi, un membre de la petite association de chasseurs et de gardes wallons " Le Solitaire Ardennais " asbl, avait-il lancé une idée aussi originale que généreuse sur le forum de leur site http://www.solitaireardennais.be , soit offrir les sangliers à la Fédération des Restos du cœur e.a. pour améliorer l'ordinaire des plus démunis à l'occasion des fêtes de fin d'année. Les Restos du cœur avaient donné leur accord informel, sous réserve que, ne disposant pas de personnel spécialisé pour y procéder, les bêtes soient découpées, et que les règles sanitaires soient respectées. Rien là que de très normal.
Las, c'était sans compter sur la législation, drastique en la matière ! En effet, renseignements pris auprès de l'Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire), la cession, même gratuite, n'était envisageable que moyennant inspection préalable par un de ses inspecteurs vétérinaires œuvrant dans un atelier agréé pour le traitement du gibier sauvage. Là encore, rien que de très normal.
Cependant, des renseignements recueillis, il s'avère que, surchargés par l'offre, le traitement du gibier acheté, et la demande résultant de la proximité des fêtes de fin d'année, les ateliers agréés n'auraient pas la possibilité de satisfaire à une demande supplémentaire, outre d'éventuelles tracasseries administratives et fiscales que cela pourrait leur amener.
Dès lors, paraphrasant Sganarelle, dans " Le médecin malgré lui " de Molière, les chasseurs wallons ont donc été forcés de conclure : " Voilà justement ce qui fait que nos sangliers ne pourront pas être cédés gracieusement aux Restos du cœur ou à toute autre œuvre à but philanthropique ou caritative ! ".
Ainsi que le révèle la consultation de la littérature spécialisée en la matière, l'accroissement annuel des populations de sangliers est exceptionnel pour un mammifère de cette taille. Seuls les rongeurs connaissent une évolution comparable.
Le taux peut varier de 70 à 80% les mauvaises années (faibles ressources alimentaires, conditions climatiques rudes), à 170 à 200% durant les bonnes (nombreuses ressources alimentaires, conditions climatiques favorables), avec une moyenne de 125% les années moyennes.
Afin de l'illustrer, ainsi que la difficulté spécifique de la gestion du sanglier, prenons l'exemple d'une population de 100 individus, exempte de prélèvement cynégétique, comptant un sex ratio équilibré, soit 50 mâles et 50 femelles, soumise à une mortalité naturelle de 20%. Les chiffres obtenus sont édifiants.
En cas d'une suite d'années moyennes ou d'alternance entre bonnes et mauvaises années, les chiffres se situent entre ces deux extrêmes.
On admet qu'en général, 100 femelles, tous âges confondus, donnent naissance annuellement à 200 jeunes. Sur le plan cynégétique, selon les spécialistes, on estime l'importance du prélèvement annuel à 50 à 60% de l'effectif présent à l'ouverture, outre 10% de disparitions dues à des causes diverses (alimentation, maladies, conditions climatiques, braconnage, …).
Il a été constaté, par une analyse fine des prélèvements, une plus grande vulnérabilité des mâles, soit 54% du total.