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Colloque : ”Vers un équilibre faune-flore en forêt, utopie ou réalisme ?”

Date : 24/03/2015

Le lundi 13 octobre 2014, s’est tenu, dans le cadre du Festival Nature Namur le colloque :  ”Vers un équilibre faune-flore en forêt, utopie ou réalisme ?” Si l’on s’en tient à la définition d’un colloque, il doit s’agir d’un débat entre divers courants d’opinion, souvent opposés, et par conséquent, la répartition et le choix des exposés devraient être à la mesure de l’équilibre de la diversité des opinions.

Le but évident du colloque était en ce cas précis de répondre à la question : « l’équilibre gibier- flore est- il atteint en forêt, ou au contraire, les densités actuelles d’ongulés sauvages doivent-elles être considérées comme des surdensités susceptibles de mettre en péril la biodiversité et la sylviculture, et par conséquent, l’avenir de nos forêts ? »

Il est d’abord nécessaire de rappeler que biodiversité et sylviculture sont deux réalités différentes, et, sur certains points, pas nécessairement compatibles, même, si comme l’exposé de Mr Etienne GÉRARD, Directeur des Ressources forestières, Département de la Nature et des Forêts (DNF), montrait que de gros efforts étaient entrepris pour concilier ces deux réalités.

Pour les autres exposés, il faut retenir celui de Mr Alain LICOPPE, attaché au Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole (DEMNA), Direction de la Nature et de l’Eau, Cellule faune sur la situation du cerf et du sanglier en Wallonie.

Selon les données du DNF, l’augmentation du plan de tir et des réalisations a permis d’obtenir un arrêt de la croissance de la population de cervidés, avec une diminution depuis 2010, estimée à  5% entre 2013 et 2014.

Au passage, Mr Licoppe a souligné l’impact négatif de la population d’ongulés sauvages sur la biodiversité en général, et l’avifaune en particulier.

Autre exposé, celui de Mr Jean-Louis MARTIN, Directeur de recherche, Centre National de la Recherche Scientifique – France, intitulé : « La grande faune, un moteur de la dynamique et de la structuration de la biodiversité en forêt »

Contrairement à ce que le titre de l’exposé pourrait laisser croire, il ne s’agit pas d’un aspect positif, mais très clairement négatif. Il rapporte les résultats d’une étude réalisée dans des îles au Canada, dans lesquelles le cerf a été réintroduit, et compare la biodiversité dans ces îles en fonction de celles ou le cerf a été réintroduit il y a 50 ans, il y a 20 ans, et les îles ou le cerf est absent.

Avec, en illustration, un impact catastrophique sur la biodiversité, aussi bien en matière de flore que de faune, en particulier, l‘avifaune.

Par contre, ce que Mr Martin omet de mentionner, ce sont les densités de cervidés : 30 par km2, soit 300 pour 1000 hectares, sur des îles...

Pour arriver à un tel résultat, il faudrait une population en Wallonie de 150.000 cervidés, soit plus de 10 fois la population estimée actuelle.

Ensuite, présentée par Mr Philippe Blérot, Inspecteur Général, Département de la Nature et des Forêts (DNF), une interview filmée : « Forêt-gibier : l’utopie d’un équilibre et le réalisme d’une harmonie évolutive » du Dr. Francis ROUCHER, chargé de cours à l’Office National des Forêts – France.

Il suffit de lire, sur la page de couverture arrière de son dernier ouvrage, la phrase exprimant l’opinion de Mr Roucher en ce qui concerne le cerf « se méfier du cerf, animal grégaire de milieux ouverts….en forêt, il n’est pas chez lui. A ne tolérer qu’à doses modérées… », pour se rendre compte de la place que l’on souhaiterait lui conserver.

Interview relayée par Mr Philippe Blérot, résumant les recommandations de Mr Roucher, préconisant des densités maximales de cervidés entre 5 et 25 animaux pour 1000 Ha…..

Ensuite, a eu lieu une table ronde regroupant les orateurs et les représentants des différentes instances :”Nature, Terre et Forêt”, Royal Saint-Hubert Club, Fédération Inter-Environnement Wallonie, Office économique wallon du Bois, Direction de la Chasse et de la Pêche du DNFet un propriétaire public, table ronde dont le modérateur était Mr  Daniel BODSON, sociologue, Professeur à la Faculté des Scienceséconomiques, sociales, politiques et de Communication à l’UCL et Professeur à l’Agro-bio pôle l’ULG Gembloux.

Au cours de cette table ronde,  Mr Michel Villers, directeur de la section de la chasse et de la pêche du DNF, a salué les efforts réalisés par les chasseurs, en matière de politique de vieillissement du cerf et de la diminution des populations, tous en soulignant que ces efforts devaient être maintenus

En fin de soirée, a eu lieu la projection d’un long métrage :  ”LA NOUVELLE NATURE SAUVAGE”

Sur l’Oostvaardesplassen aux Pays-Bas qui constitue une réserve naturelle de plus de 6000 ha de polders où vivent en liberté la plus grande concentration en Europe de chevaux sauvages et de cerfs élaphes. Une multitude d’espèces d’oiseaux, d’insectes y vivent en osmose

La projection de ce film a été précédée d’un commentaire par Jean-Louis MARTIN, nous invitant à regarder ce film avec « 2 paires de lunettes ». Le message étant clairement qu’au-delà de l’apparente richesse faunistique de la réserve (laquelle richesse était la conclusion des auteurs de ce film),  il fallait se rendre compte des conséquences sur le biotope d’une surdensité en ongulés sauvages. Cependant, il semble bien que Mr Martin ne se soit jamais rendu aux Pays-Bas, car le décor n’est pas celui d’une forêt dévastée, mais du biotope normal d’un polder, qui, rappelons le, est une terre reprise à la mer…

En conclusion, le but de ce colloque était de présenter, en jouant sur la corde du catastrophisme, de tenter de convaincre les chasseurs que la réduction des populations d’ongulés sauvages devait, non seulement être poursuivie, mais intensifiée, sous peine de voir nos forêt devenir un désert écologique.

Il est clair que l’excès nuit en tout, et qu’avoir des surdensités n’est pas une bonne chose. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès contraire, et affirmer que la forêt est mise en péril par les densités moyennes actuelles. En ce qui concerne la sylviculture, une densité excessive de cervidés nuit à la rentabilité de la forêt.

S’il est dans l’ordre naturel des choses que le sylviculteur soit concerné par la productivité, il est par contre étonnant de vouloir appeler la biodiversité à son secours, alors que certaines pratiques sylviculturales ont également un impact négatif direct sur la biodiversité.

Il est important de rappeler que le cerf présente une particularité unique, à savoir qu’il fait non seulement partie de notre patrimoine naturel, en tant que plus grand représentant de notre faune, mais aussi culturel, en raison de la place qu’il représente dans notre histoire et nos traditions. Il mérite donc mieux que la portion congrue que certains voudraient lui réserver dans l’avenir. 

Pour terminer, pour avoir une idée de l’impact actuel des ongulés sur la biodiversité, on peut se référer au document publié par le SPW : « Les indicateurs clés de l’environnement Wallon 2012 », disponible sur le site du DNF. On trouvera,  à la page 100, un graphique attestant que les populations d’ongulés sauvages ont doublé en 20 ans.Si on déclare que les densités sont nuisibles à la biodiversité, il serait logique d’observer un impact direct et visible sur celle-ci.Or, si l’on s’en réfère à la page 99 du même document, concernant l’évolution de l’avifaune sur la même période, on constate que les espèces des milieux forestiers sont restées parfaitement stables, contrairement à celle des oiseaux des milieux agricoles qui continue de s’effondrer.Dans la logique d’une préoccupation prioritaire du maintien de la biodiversité, il serait par conséquent plus profitable de s’attaquer en premier au problème des plaines, et de transférer l’énergie que l’on met à vouloir diminuer les densités d’ongulés à une gestion saine du biotope agricole. Pour le véritable environnementaliste, la nature doit être comprise comme un tout, incluant non seulement la forêt, mais aussi la plaine, les cours d’eau, et les zones humides, ou beaucoup de travail reste à faire.

JL Jorion

 

 


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